[CIT] Le Palais Citadin

[Kishi Tanaraq]

Elle ne peut tout simplement pas détacher ses yeux de cette silhouette, de cette figure souriante qui lui manquaient tant. Ses yeux la brûlent à s'empêcher de cligner, de peur qu'elle ne disparaisse si jamais elle cessait de la regarder. Elle finit par se les frotter, des larmes acides lui troublant la vue.

- ... Yaya, c'est bien toi ?

Elle ne reconnaît pas sa propre voix ; la gorge serrée, un sanglot étranglé, elle cessait de faire semblant que tout allait bien et qu'elle faisait face à sa perte.

- Mais qu'est-ce que je raconte, je deviens folle ou quoi ?!

Kishi se retourne et se passe de l'eau sur le visage.

[Kaya Iluak]

*La figure continue de sourire et répond d'une voix douce.*

-C'est bien moi ma petite. Tu ne deviens pas folle. Je suis bien face à toi.

[Kishi Tanaraq]

En entendant sa voix si familière, elle presse ses tremblantes l'une contre l'autre à se mordre.

- Non. Tu es morte, tu n'es que le fruit de mon imagination. Si ça se trouve, je suis en train de rêver endormie dans cette baignoire !

Tu n'es pas là, tu n'es pas là, tu n'es pas... psalmodie-t-elle.

[Kaya Iluak]

*L'apparition saisit les mains de Kishi. La jeune femme sent un contact chaud, bien qu'éthéré, sur sa peau.*

-Regarde-moi Kishi. C'est bien moi ma petite. Je suis là. N'aie pas peur. Je ne suis pas venue ici pour te tourmenter.

[Kishi Tanaraq]

Kishi lâcha un cri de surprise quand elle sentit la chaleur de mains aux callosités familières. Comme pour donner tort à ses sens, elle fixa ces appendices, attendant qu'ils disparaissent par elle ne savait quel miracle. Son cœur savait intimement ce que sa tête ne voulait pas s'avouer.

Que cet être diaphane, à l'aspect presque vaporeux, était sa grand-mère. Ou plutôt, ce qu'il en restait.

Alors la tête continua le dialogue malgré une voix chevrotante :

- Les morts rejoignent le monde des esprits pour retourner au néant et continuer le Cycle. Comment pourrais-tu être là devant moi ?

[Kaya Iluak]

*L'apparition relâche les mains de Kishi et sourit à la jeune femme.*

-Pas tous, ma petite. Certains ont une présence plus importante que les autres. Une force spirituelle, qui leur permet de durer dans l'au-delà. C'est comme cela que les Esprits naissent. C'est comme cela que les anciens deviennent des Ancêtres.

*Elle écarte les bras, invitant Kishi à s'y réfugier, parce que le poids des gestes dans ce genre de cas dépasse infiniment celui des mots.*

[Kishi Tanaraq]

Elle ne voulait pas y croire, elle ne voulait pas craquer mais elle ne put rien faire d'autre que rechercher la chaleur de ses étreintes si familières en la voyant écarter les bras, comme autrefois.

C'était comme si elle était vraiment, vraiment là. Une partie de sa raison continuait à rationaliser cette... apparition. Mais l'irrationnelle s'en fichait et ne voulait que se fondre dans ce bout de femme qui lui manquait tant.

- Tu sais que mes oncles et tantes se chamaillent sur qui doit te succéder ? Au moins, ils sont tous d'accord sur le fait que ce ne sera pas moi.

Elle hoquette plus qu'elle ne rit, les joues inondées et le nez coulant.

[Kaya Iluak]

*L'apparition referme ses bras autour de Kishi. Elle n'a pas réellement de substance, mais la chaleur qui émane d'elle est bien réelle. Kishi se sent bien. Elle ressent l'amour de cette femme qui est partie.*

-Cela n'a pas réellement d'importance, puisque ce n'est pas ce que tu voulais, je me trompe ?

*Sa gorge se serre.*

-Je suis si contente de pouvoir te voir encore. Je me suis couchée cette nuit-là avec un terrible regret. Celui de partir sans avoir pu te dire au revoir ma chérie...

[Kishi Tanaraq]

Elle répond à peine en secouant légèrement la tête, elle s'en fichait comme de sa première paire de chaussettes. Lorsqu'elle lui explique les raisons de sa venue, Kishi s'écarte un peu et scrute son visage, l'expression soucieuse :

- Nauja m'a dit que tu avais été assassinée par un dénommé Sura. Est-ce vrai ?

Tant de mystères pourraient être résolus si les morts pouvaient parler aussi facilement.

[Kaya Iluak]

*Kaya incline la tête d'un air triste.*

-C'est vrai... Mais faux aussi. J'ai croisé ce Sura le soir de ma mort. Je n'allais pas bien depuis plusieurs semaines. Je pense que c'est sa dernière révélation qui a achevé de me fragiliser.

Puis... C'est confus. Je ne me souviens pas de tout.